NO7 Impacts de la digitalisation sur les prestataires en douane   

Beaucoup d’efforts ont été consacrés ces dernières années pour optimiser et numériser les chaînes de transport, mais comment cela se passe-t-il coté Douane ?

Ce sont les Douanes de Singapour et les Douanes américaines qui ont été les premières à introduire des solutions numériques avec un objectif : rendre leurs services plus efficaces et orientés client. Il est vrai que la numérisation continue de progresser tout au long de la chaîne logistique et la Douane n’échappe plus à ces évolutions : les chargeurs aujourd’hui demandent de plus en plus des améliorations dans leurs interactions avec les acteurs du dédouanement

Comment les modèles des prestataires devront évoluer pour rester compétitifs sur ce marché ?

Avant de livrer un colis, il faut le dédouaner et on l’oublie peut-être un peu trop souvent, c’est à ce moment que l’on se rend compte que le dédouanement joue un rôle important dans la fiabilité de la livraison. Avec les avancées de la numérisation, il est vraiment temps de se préoccuper aussi de la visibilité client sur cette partie de la chaine du transport. Un quart seulement des entreprises ont établi des interfaces de données avec leurs prestataires et c’est dommage car les informations nécessaires au dédouanement sont facilement disponibles dans les systèmes ERP des clients. Cela réduirait considérablement l’effort pour transmettre les informations et éliminerait aussi le risque d’erreurs de transmission

 Où en est la numérisation en douane aujourd’hui ?

L’image des douanes est actuellement en pleine mutation. De plus en plus de pays numérisent leurs systèmes douaniers. Là où les formulaires étaient autrefois remplis, soumis et tamponnés à la main, le processus est désormais passé en ligne. Et puis, on assiste également à un changement culturel chez les différents acteurs. Auparavant, l’accent était principalement mis sur l’enregistrement précis des déclarations, mais aujourd’hui, tout en réduisant le coût de la transaction, il s’agit aussi de changer l’expérience client d’autant qu’avec moins d’informations et de détails requis dans les déclarations, le processus devient nettement moins complexe et permet aux prestataires les plus innovants de se réinventer.

Cette digitalisation, influence-t-elle la demande client ?

Suivre en temps réel la livraison d’un colis, c’est aujourd’hui la norme et cela change aussi les attentes en matière de transparence dans le processus de dédouanement. Dans le passé, il suffisait d’informer le client une fois que la marchandise avait été dédouanée. Aujourd’hui, la rapidité avec laquelle les déclarations en douane sont traitées est un énorme facteur pour se différencier. Le dédouanement repose sur des lois et des informations codées, il est plutôt adapté à la numérisation mais la transformation numérique n’est pas une mince affaire parce que les entreprises n’ont pas toujours les connaissances ou les ressources nécessaires pour mener à bien la transformation qui doit passer par une mise à niveau de leurs systèmes ERP.

Est-ce que l’on peut ébaucher le profil du prestataire en douane de demain ?

Ceux qui sont les plus avancés automatisent déjà les processus, ce qui permet d’identifier automatiquement les informations, de les analyser directement (par exemple, les e-mails) et de les traiter sur la base de règles clairement définies mais la vraie différence, elle se fera de plus en plus au travers des échanges de données informatisées. C’est ce qu’attendent les entreprises. Les acteurs de la logistique, ce n’est pas nouveau, utilisent déjà l’EDI et ses avantages sont évidents : il est plus facile de transférer des données du client au prestataire, plus facile de les utiliser. En éliminant le risque d’erreur, le processus de déclaration en douane est beaucoup plus efficace.

En quoi cela rendra un avantage compétitif demain aux acteurs qui s’engagent dans cette démarche ?

Tout d’abord en termes de coûts mais aussi plus de capacités pour offrir des services à valeur ajoutée au travers de prestations de conseil sur l’évolution des règlementations douanières, sur les classements tarifaires par exemple tout en se rémunérant mieux que sur le travail de la déclaration en douane d’autant qu’à mesure que le processus douanier devient moins complexe, le volume d’emplois pour les dédouanements conventionnels est susceptible de diminuer.

Mais Il ne faut pas s’y tromper, la douane reste un processus complexe et en constante évolution. La numérisation qui va augmenter l’efficacité et la vitesse du traitement douanier amènera nécessairement les acteurs à revoir leur modèle pour offrir en complément des prestations de base, des services qui répondent à l’évolution des demandes clients. On le voit, le « rien à déclarer » ce n’est pas pour demain.